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Je retourne au travail et je ne me sens pas coupable

Jeudi le 11 novembre 2021

Par : Jessica Pruneau, ambassadrice Lebourgneuf

 

Mon bébé a neuf mois aujourd’hui. Mon bébé qui, hier encore, était toute mini, vulnérable et fragile, a 9 mois aujourd’hui et moi, j’ai pris l’inattendue décision de reprendre ma vie professionnelle avant la fin de mon congé de maternité. Plus inattendu encore, pour une des premières fois depuis que je suis maman, je me surprends à penser à moi et je ne m’en sens pas coupable.

Je retourne au travail plus tôt que prévu. Pas à contrecœur, non, mais bien avec un élan d’énergie et de motivation que je n’avais pas encore ressenti depuis son arrivée dans ma vie. Cette espèce d’amour propre, de force de caractère et de confiance que j’avais mis de côté sans m’en rendre compte. Comme si, neuf mois plus tard, il était temps de retrouver la femme en moi. Comme si la femme en moi qui a eu besoin de temps pour apprendre à être maman, commençait maintenant à apprendre comment être, à la fois, femme et maman. Comme quoi tout se place en son temps.

Je suis prête. Oui, moi qui disais à mon conjoint, il y a une semaine de cela, que j’aimerais bien, au fond, être maman à la maison à long terme. Moi, la performante, qui me faisais tranquillement à l’idée d’une petite vie tranquille. Moi, la nomade, qui avait finalement trouvé un sens de confort dans l’enracinement et le cocooning. Moi, la fille occupée, qui commençait à apprécier un rythme plus au ralenti, au rythme de bébé. Moi, la femme de carrière, qui venais tout juste d’accepter le fait que ma vie vient de changer à tout jamais et que ma nouvelle vocation était celle de maman. Moi, la fille de projets, qui commençais tout juste à m’adapter à être maman et à intégrer la notion du lâcher prise. Oui, moi, qui aime mon bébé infiniment, qui est si fusionnelle avec elle. J’ai pris la décision de retourner au travail plus tôt que prévu. À ma grande surprise. À ma surprise à moi, oui, et pourtant, pas à celle de mon entourage. Au fond, je suis toujours moi. On dirait que je l’avais juste oublié. Comme si tout le monde autour de moi, sauf moi, savait que ce n’était qu’une phase et qu’elle était encore là quelque part, l’ancienne moi. Et me voilà qui la retrouve. Et ça fait un bien fou. Car, oui, j’ai eu peur, par bout, qu’elle soit partie pour toujours, l’ancienne moi. 

Je ne croyais pas que ça se passerait comme ça. Je ne croyais pas être prête si « tôt ». En fait, il y a quelques semaines, je n’étais pas prête du tout. Je voyais le retour au travail comme une étape si lointaine et, bien franchement, fort anxiogène. En fait, j’effaçais cette pensée de ma tête dès qu’elle y entrait car elle me donnait des nausées, un nœud dans la gorge. J’évitais. Je cherchais des excuses pour ne pas planifier mon retour au travail. Je voulais passer le reste de mon temps avec elle, sans me rendre compte que mon désir de fusion avec elle était voué à passer, au fur et à la mesure, qu’elle, elle évoluerait. 

Puis, elle a neuf mois et, soudainement, elle n’est plus si fragile et vulnérable. Soudainement, elle s’est épanouie. Elle s’est mise à se déplacer. Je l’ai vue allumée et assoiffée de découverte. Elle s’est mise à interagir et charmer avec ses rires, ses cris et des grimaces. Je l’ai vue sociale et attachante, affirmer sa personnalité. Puis, du jour au lendemain, elle se levait pour tout explorer sous un nouvel œil et plaçait un pied devant l’autre. Je l’ai vu active et en quête de défis. Elle s’est mise à s’ouvrir aux gens autour d’elle. Je l’ai vue confiante et fière d’elle. 

Elle a grandi sous mes yeux. Je l’ai vue prête. Prête pour le monde. Prête à s’éloigner, peu à peu de maman. Et mon rôle, à ce moment précis, c’était de lui ouvrir la porte au monde et l’y accompagner. 

Et pendant ce temps-là, pendant qu’elle, elle grandissait, sans trop m’en apercevoir, moi j’avais repris le contrôle de ma vie. J’avais trouvé une routine, un confort et un bonheur nouveau, différent et si doux. Profond et plus vrai que rien auparavant. 

Avec ses neuf mois, est arrivée cette dose de maturité en elle qui a changé quelque chose en moi. Elle était prête. Prête à découvrir le monde au-delà de maman. Prête à entamer cette prochaine étape dans sa petite vie; prête à faire ses premiers pas vers elle-même. Et moi aussi.   

Photo : MA Photographie, Marie-Audrey Bolduc
 

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