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S'entraîner enceinte oui, compétitionner...hum

Samedi le 28 juin 2014

Par : Sarah Baribeau, kinésiologue-kinésithérapeute, Propriétaire Bougeotte et Placotine

 

Vous avez peut-être vu passer cette photo dans les médias sociaux. C'était aux derniers championnats américains d'athlétisme. Alysia Montano, une coureuse professionnelle au 800 m, a décidé de faire la compétition. Est-ce que ça devrait être une célébration ou une contre-indication? J'ai envie de vous partager mon point de vue autant professionnel que personnel.

Pour moi, Alysia n'a pas mal fait, le problème est que les médias sociaux n'ont pas donné d'explications ou de justifications face à son choix et que certaines femmes croient que l'on devrait toutes suivre son exemple....oui et non.

Mise en situation

Alysia était à ce moment enceinte de 34 semaines. Sa sage-femme l'a encouragé à faire la compétition. Alysia est coureuse professionnelle, elle a des qualités physiques exceptionnelles, comme très peu de femmes ont. Ainsi, pour elle, la demande énergétique exigée à son corps lorsqu'elle court à une certaine vitesse, équivaut à la demande énergétique exigée à votre corps lors d'un effort beaucoup moindre.

Ce qui l'a motivé

Pour une coureuse professionnelle, ou même une coureuse assidue, la grossesse est une période «difficile» durant laquelle elles ne peuvent s'entraîner à une même intensité qu'habituellement. La course leur manque, les effets qu'apportent habituellement la sécrétion d'endorphines et de sérotonines aussi. Alysia s'était classée pour compétitionner à cette rencontre et elle adore courir plus que tout. Sa sage-femme l'a encouragé à «profiter de ce moment».

Ce qui s'est réellement passée durant la course

Alysia est compétitive, mais n'est pas inconsciente. Elle a dit ne pas avoir d'objectif, ne pas regarder le temps, et à la blague mentionne qu'elle ne voulait par contre pas se faire «lapper», c'est-à-dire se faire dépasser d'un tour. Bref, elle était loin de donner son 100 % d'effort.

Les risques... calculés

Étant une athlète professionnelle, sa musculature est très développée, ainsi, malgré les hormones de grossesse qui rendent les ligaments plus souples et moins efficients, ses muscles profonds étaient, on suppose, plus forts et plus aptes à supporter ses organes et à maintenir ses articulations en place. Pour nous, coureuses amateures, la course durant la grossesse peut nuire aux muscles du plancher pelvien, peut-être pas assez entraînés et ainsi créer des douleurs à différentes articulations qui ne sont pas suffisamment protégées par des muscles stabilisateurs, malheureusement trop faibles.

Conclusion

Alysia est un exemple positif d'une femme qui a décidé d'être active durant sa grossesse, qui s'est informée auprès de professionnels de la santé et qui a été assez disciplinée pour ne pas compétitionner réellement durant la course, mais de plutôt écouter ses limites.

Personnellement, j'évite de faire de la compétition durant ma grossesse, car j'ai de la difficulté à contrôler mon côté compétitif. Bref, l'important est de se connaître et de s'entraîner à la hauteur de ses capacités et de ses limites.

Voici le video de son entrevue post-course

 


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